Pathologies dermiques

1. Les phlyctènes de friction

1.1 Synonymes: Ampoules, cloques

1.2 Définition

La phlyctène est « une séparation des couches de l’épiderme et du derme provoqué par la formation d’une poche remplie de liquide interstitiel »
 

1.3 Etiologie et mécanisme pathogénique

Les phlyctènes sont dues au frottement répété du pied avec la chaussure. La chaleur et l’augmentation de l’humidité sont des facteurs facilitant leur formation. L’apparition d’une phlyctène correspond à une brûlure du deuxième degré. Le frottement échauffe la peau jusque dans le derme. Du à une vasodilatation des vaisseaux sanguins, il y a une sortie très importante de liquides séreux. On constate la formation d’une bulle localisée dans l’épiderme. Le liquide séreux clair ou sanguin (s’il y a rupture d’un capillaire) va sortir dans la bulle, qui se développe à l'interface épiderme-derme. Lorsque le frottement continue, l’épiderme risque de se déchirer et met à découvert une plaie de couleur rose. Dans cas, le risque d’une infection est réel.
 

1.4 Localisations

On peut retrouver les phlyctènes au niveau du talon, de la face dorsale des quatre derniers orteils, au niveau du tubercule du naviculaire et la partie latérale de la première articulation métatarso-phallangienne, surtout en cas d’une exostose ou d’un hallux valgus.
 

1.5 Traitements

1.5.1 Traitements préventifs

Le traitement préventif comporte :
  • le port de semelles podologiques
  • le port de chaussures de sport adaptées.
  • le port de chaussettes sèches.
  • l’application d’un pansement hydrocolloïde (double peau) de type Compeed® ou Duoderme®.

1.5.2 Traitements curatifs

On adapte selon les conditions à savoir phlyctène fermée ou ouverte. L’apparition d’une phlyctène est toujours un risque de surinfection bactérienne.
Comportement à adopter si on est en face d’une phlyctène fermée :
  • Drainage par ponction du liquide, en utilisant une aiguille stérile, tout en conservant le toit.
  • Injection d’une solution aqueuse d’éosine à 2% pour son pouvoir asséchant ou d’eau oxygénée pour son pouvoir hémostatique* en utilisant une autre aiguille stérile.
  • Aspiration de la solution.
  • Application de Collodion ou d’une deuxième peau pendant deux ou trois jours pour protéger la lésion.
Si la phlyctène est ouverte :
  • Couper avec des ciseaux stériles la peau décollée.
  • Tamponner la plaie avec un morceau de gaze stérile imbibé de solution aqueuse d’éosine à 2%.
  • Appliquer de la Flamazine®, une deuxième peau et du Fixomull® pour protéger. S’il s’agit d’un sportif de haut niveau on pourra également utiliser du tape au lieu du Fixomull®.

2. Les kératopathies

Les kératopathies sont des lésions de la peau qui apparaissent en tant que mécanisme de protection contre un stress mécanique. La peau se durcit à ces endroits - effet de l’accélération du processus de kératinisation - et peut causer, après un certain temps, un inconfort voir une douleur. Le stress mécanique, « dont la friction est un élément capital » peut se faire en traction, en compression ou en torsion.
 

2.1 Étiologies

On ne décrira les étiologies (causes), restant les mêmes pour l’hyperkératose plantaire et le cor, qu’une seule fois.
  • Une chaussure mal adaptée qui peut être trop grande, trop petite ou avoir une hauteur d’empeigne insuffisante et donc encourager des zones de pression ou de friction excessives.
  • Une mauvaise fonction du pied, cause d’une déformation de celui-ci du type orteil en griffe, hallux valgus, exostose, pied plat ou pied creux.
  • Une peau sèche.

2.2 Endroits d’apparition

Tout en gardant à l’esprit que les hyperkératoses peuvent se former à tout endroit d’hyperpressions, les endroits d’apparition les plus fréquents seront la région sous les têtes métatarsiennes et de la face latérale de l’articulation interphalangienne pour l’hyperkératose plantaire. Les cors apparaissent souvent sur la partie dorsale de l’articulation interphalangienne proximale et/ou au niveau de la partie plantaire de l’articulation interphalangienne distale, mais peuvent également être localisés au niveau de la pulpe des orteils, en interdigital, en péri ou sous-unguéal.
 

2.3 Traitements

Les traitements étant différents pour l’hyperkératose plantaire et le cor, on pourra les « partager » en un traitement étiologique, qui prend en considération les causes des lésions et un traitement symptomatologique, qui s’occupe comme le nom le laisse deviner des symptômes, donc des effets. Nous allons découvrir ces idées plus loin lors d’explications plus concrètes. Ces traitements, pour avoir une efficacité optimale, devront être combinés au maximum.
 

2.3.1 Traitements de l’hyperkératose plantaire :

  • Le soin podologique
    Le soin a comme priorité de soulager le patient de ses douleurs. Le prérequis devra être une asepsie du champ de travail ainsi que des instruments. L’ablation se fera, selon la préférence et la dextérité du praticien, à l’aide du bistouri, du micromoteur ou de la turbine. Un passage avec de l’alcool ou de l’Hibitane® (Solution de Chorhexidine à 5%), sur le pied avant et après l’intervention est nécessaire pour éviter au maximum le risque d’infections. Le soin est un traitement symptomatologique.
  • Le padding
    Ce « coussin », généralement en feutre, va protéger des zones spécifiques, sensibles du durcissement par les kératoses. S’il est à visée correctrice, il va améliorer une position pathologique. Le padding ne restera en place que temporairement dans l’attente d’un moyen de traitement plus permanent, comme par exemple des semelles podologiques.
  • Les semelles podologiques
Souvent, comme nous l’avons vu plus haut, la cause d’apparition des hyperkératoses est un dysfonctionnement biomécanique. De part ce fait, l’équilibre des appuis plantaires n’est plus assuré. Les semelles podologiques prendront en charge ce fait en corrigeant la position du pied et en redonnant un schéma de marche le plus idéal possible.
 

2.3.2 Traitements du cor :

  • Le soin podologique
    La procédure de l’exérèse du cor sera pratiquement identique à celle de l’hyperkératose. On fera attention lors de l’ablation, tout en évitant le saignement. Le soulagement sera quasi immédiat pour le patient. Cependant, il faut garder à l’esprit que la fréquence d’apparition sera assez rapide et donc on devra se diriger vers un traitement plus durable, notamment le traitement par orthoplastie.
  • Le padding
    Souvent employé en attendant la réalisation d’une orthoplastie, le padding constitue un traitement temporaire. Il va protéger les tissus mous des conflits et ralentir le processus de kératinisation.
  • Les orthoplasties
    Dans ce cas de figure, il existe deux types d’orthoplasties utilisables : l’orthoplastie protectrice et l’orthoplastie correctrice, toutes les deux réalisées en silicone et moulées sur le pied du patient. L’orthoplastie protectrice, va protéger les tissus mous des « agressions » de la chaussure ou l’articulation d’un autre orteil par exemple. On l’utilisera pour des déformations articulaires irréductibles*. L’orthoplastie correctrice, visant la correction d’une déformation d’orteil, sera utilisée dans le cas d’une griffe réductible ou d’un supraductus (un orteil passant au-dessus de l'orteil voisin) par exemple.

 

 

3 Le pied d’Athlète

 Illustration 

3.1 Synonymes:
Mycose cutanée, tinea pedis, intertrigo digital


3.2 Agents causaux

Le pied d’athlète est une infection qui peut être causée par des dermatophytes comme le trichophyton rubrum, le trichophyton mentagrophyte respectivement l’épidermophyton floccosum ou des levures comme le plus souvent candida albicans.
 

3.3 Localisation

La mycose cutanée est très souvent localisée dans le 4e espace interdigital . Non traitée, elle peut se propager aux autres espaces interdigitaux, sur le dos du pied , sur la plante du pied ou peuvent même s’attaquer aux ongles. Sur la plante du pied et sur les rebords latéraux, on parlera de distribution en mocassin, du à l’aspect que prend cette forme.
 

3.4 Étiologie

Vu le fait que les milieux chauds et humides sont particulièrement propices au développement des champignons, les athlètes actifs peuvent assez rapidement développer ou « attraper » une mycose. Les chaussures de sport bien fermées , mais aussi les douches et vestiaires sont des zones à risque. Si alors le sportif souffre en plus d’hyperhydrose (transpiration exagérée des pieds), la « menace » est évidente. L’affection se propage par contact direct ou encore par contact des chaussettes, chaussures ou serviette de bain. Donc pour limiter au maximum les risques, le podologue aura différents conseils à donner au sportif.
 

3.5 Tableau clinque

La mycose se présente par un prurit, une macération interdigitale et une desquamation importante. Puis, une petite crevasse se forme ainsi qu’une zone érythémateuse. Une odeur désagréable est également présente. Les lésions peuvent être très gênantes, surtout lors de la marche ou de la course.
 

3.6 Conseils à visée préventive

  • Lavage des pieds sur base quotidienne avec séchage rigoureux dans les espaces interdigitaux.
  • Porter des claquettes dans les vestiaires et douches communes.
  • Ne pas porter les chaussures ou employer la serviette d’un autre.
  • Préférer les chaussettes en coton aux chaussettes à haut pourcentage synthétique afin d’éviter la macération.
  • Mettre des chaussettes propres au moins une fois par jour.
  • Après l’entraînement, faire aérer les chaussures en enlevant, si possible, la semelle. Si on transpire beaucoup et une deuxième paire de chaussures est possible, utiliser les paires en alternance.
  • Employer du talc ou une autre poudre contre la transpiration excessive.

3.7 Traitements

L’efficacité du traitement va dépendre en grande partie de la volonté et de la conscience du patient. Celui-ci devra quotidiennement :
  • se laver les pieds avec un savon antifongique de type Isobetadine savon® et bien sécher entre les orteils.
  • Appliquer par après un antifongique en crème (p.ex. Lamisil®) ou en spray (p.ex. Daktarin spray®).
  • Traiter les chaussures et chaussettes par un anti-fongique en spray ou en poudre.
  • Continuer le traitement local pendant au moins deux semaines après disparition des symptômes afin d’éviter une récidive rapide.
  • Si l’infection persiste ou la surface est plus importante, on devra guider le patient vers un dermatologue qui va prescrire, le cas échéant, un traitement oral (p.ex. Lamisil® ou Sporanox®)