pathologies de croissance

1. La maladie d’Osgood-Schlatter

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1.1 Définition

La maladie d’Osgood-Schlatter est une ostéochondrose du noyau secondaire d'ossification au niveau de la tubérosité tibiale antérieure, sur laquelle vient s'insérer le tendon rotulien du Quadriceps. Les ostéochondroses sont communément appelées les pathologies de croissance ou de traction.

 

1.2 Personnes à risque

Les ostéochondroses surviennent surtout chez les garçons de 8 à 15 ans, période au cours de laquelle ils se trouvent en pleine croissance, qui sont très actifs dans le sport.

 

1.3 Mécanisme d’action

La tubérosité tibiale antérieure est une zone fragile qui peut souffrir de contraintes mécaniques (traction). Ces contraintes proviennent des contractions énergiques du muscle quadriceps qui est, comme nous l’avons déjà exposé, bien souvent hypersollicité lors de l’appel. Il se produit un conflit entre le noyau cartilagineux d'ossification et la traction exercée par le tendon rotulien. On peut également observer une hyperpronation des articulations sous-talaire et médio-tarsienne, provoquant une endorotation excessive du segment jambier. On constate alors, au niveau de la tubérosité tibiale antérieure, une traction trop importante du tendon rotulien. Ceci crée, ainsi, des microfissures au niveau de ce cartilage, générant des douleurs. Les tractions peuvent aboutir à une fragmentation et à un arrachement osseux dans les cas les plus sévères.

 

1.4 Facteurs favorisants

  • Genoux valgum ou varum.
  • Hyperpronation du médio-pied et/ou de l’arrière-pied entraînant une endorotation du tibia.

 

1.5 Tableau clinique

  • Douleurs au niveau de la face antérieure du genou avec tuméfaction de la tubérosité tibiale.
  • Douleurs pendant et après l’activité sportive qui peuvent inciter à la boiterie.
  • Rétraction du droit antérieur : constaté en plaçant le patient couché ventral, hanche en extension et en fléchissant le genou. La douleur est réveillée par la palpation de la tubérosité tibiale antérieure et à la contraction contrariée.
  • La peau autour de la tubérosité peut être légèrement rouge et chaude.

 

1.6 Examens complémentaires

La radiographie montre un épaississement de la partie distale du tendon patellaire. Dans les cas plus graves, on peut voir une fragmentation de la tubérosité tibiale ou même un arrachement osseux.

 

1.7 Traitements

- Traitement médical

  • La directive de traitement la plus commune et sans doute la plus efficace reste le repos et la limitation de la sollicitation de l’appareil extenseur. Dans certains cas (enfant très actif et non-coopératif, maladie évoluée et très douloureuse) il sera avisé d’imposer le repos par le port d’un plâtre ou d’une attelle.
  • L’infiltration d’anti-inflammatoires ne montre pas d’effets.

- Traitement podologique

  • Le traitement podologique consistera en la réalisation de semelles fonctionnelles contrôlant l’hyperpronation, et limitant la rotation interne. On observera alors une diminution de la tension en traction du tendon rotulien.

- Traitement kinésithérapeutique

  • Le kinésithérapeute pourra intervenir dans le traitement de la maladie d’Osgood-Schlatter si celle-ci comporte également une rétraction du droit antérieur (cause de la sur sollicitation du tendon rotulien). Dans ce cas il devra effectuer un travail d’étirement de ce muscle pour lui redonner l’élasticité optimale et diminuer les tensions.

- Traitement chirurgical

  • Rarement, on peut constater un arrachement significatif de la tubérosité tibiale antérieure nécessitant une intervention chirurgicale. Elle consistera en une fixation à l’aide de vis du fragment osseux. Une immobilisation plâtrée sera de rigueur.

1.8 Conseils aux parents

Dans le but d’informer et de rassurer les parents, on peut leur donner quelques conseils et informations :

  • C’est une pathologie bénigne due à une surcharge mécanique sur une zone de croissance.
  • Le meilleur traitement reste la diminution des activités physiques.
  • Les douleurs peuvent persister un ou deux ans.
  • Il faut éviter que les parents incitent leur enfant à reprendre le sport trop tôt surtout s’il le pratique à haut niveau.
  • Généralement, la guérison est spontanée.
  • Rarement, certaines séquelles (douleurs ou tuméfaction gênante) au niveau de la tubérosité tibiale antérieure peuvent être encore présentes.

 

2. La maladie de Sever

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2.1 Définition

La maladie de Sever est une ostéochondrite au niveau du second noyau d’ossification du calcanéum. Elle atteint l’apophyse postérieure du calcanéum qui subit des phénomènes d’impaction et de traction. La maladie de Sever fait partie des trois ostéochondrites les plus fréquentes chez les enfants et préadolescents.

 

2.2 Etiologies

  • Surtout sexe masculin.
  • Tranche d’âge entre sept et treize ans.
  • Haute intensité sportive.
  • Microtraumatismes répétés.
  • Rétraction du tendon d’Achille.
  • Arrière-pied en valgus associé (dans 80% des cas, selon Deguy ).

 

2.3 Mécanisme d’action

La traction du triceps au niveau de l’insertion distale est importante du à la contraction explosive nécessaire au décollage. Un arrière-pied valgus respectivement une hyperpronation du médio ou de l’arrière-pied lors de l’épreuve vont encore empirer les faits en augmentant encore la traction.

 

2.4 Tableau clinique

  • Talalgies postéro-inférieures qui peuvent irradier sur les faces latérales du talon.
  • Marche antalgique par claudication.
  • Douleurs à la compression du talon et à la palpation au niveau de la zone d’insertion du tendon d’Achille.
  • Douleurs à la marche, à la course et à la station debout prolongée.
  • Douleurs parfois à la dorsiflexion de la cheville avec le genou en extension respectivement à la marche sur les talons.
  • Douleurs modérées au repos.

 

2.5 Examens complémentaires

La radiographie montre des densifications et de morcellements du noyau, qu’on retrouve également chez un enfant non-atteint. « Le bilan radiologique ne doit pas servir à établir un diagnostic mais à mettre en évidence un éventuel diagnostic différentiel : fracture de fatigue, ostéite ou talonnade » . Le cliché ci-dessus montre la maladie de Sever chez un garçon de 11 ans.

 

2.6 Traitements

  • Repos des activités sportives qui peuvent solliciter le talon.
  • Semelles absorbantes en attente des semelles podologiques fonctionnelles.
  • Semelles fonctionnelles qui corrigent le valgus d’arrière-pied et donc réduisant la traction du tendon d’Achille sur son insertion calcanéenne.
  • Exercices d’étirement de la chaîne postérieure.
  • La reprise du sport devra se faire progressivement afin d’éviter la récidive.

 

3. La maladie de

Sinding-Larsen-Johansson

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3.1 Définition

Cette pathologie mécanique de l’appareil extenseur du genou, qui fait partie des ostéochondroses de croissance, correspond à l’atteinte de l’apophyse de la patella particulièrement chez l’enfant et l’adolescent. Cette apophyse est un point d’ossification secondaire relié au périoste par un cartilage de croissance. Elle correspond à une souffrance de l’insertion haute du tendon patellaire sur l’apex de la patella. Elle peut être associée à la maladie d’Osgood-Schlatter.

 

3.2 Synonymes

Patellite de croissance, patellite d’adolescence.

 

3.3 Différentes formes

On distingue deux formes. La forme aiguë correspond à un traumatisme survenu au cours du sport. Elle se caractérise par un arrachement osseux qui évolue correctement après 6 à 12 semaines de repos et en reprenant l’activité progressivement. La forme chronique est secondaire à des microtraumatismes et à des mises sous tension répétés par d’intense contraction musculaire. L’incapacité sportive et les douleurs d’impotence persistent et rendent la reprise du sport au niveau impossible. Les séquelles et complications apparaîtront à l’age adulte. Ce ne sera que cette deuxième forme qui nous intéressera ici.

 

3.4 Complications

Cette maladie peut évoluer vers une ostéochondrite de la patella. Elle correspond alors à une inflammation de l’os et de son cartilage due à un manque de circulation sanguine lors de la croissance. Les micro-traumatismes et le manque d’amortissement restent les facteurs les plus aggravants.

 

3.5 Mécanisme d’action

Le mécanisme est similaire à celui de la maladie d’Osgood-Schlatter. Les problèmes sont dus à trop de tensions au niveau du tendon patellaire causées par un muscle grand droit hypertonique, une nombre important de sollicitations du genou en extension ainsi que des déformations du genou dans le plan frontal (valgum ou varum) et une endorotation du tibia causée par une pronation excessive.

 

3.6 Tableau clinique

  • Les douleurs se situent à l’apex de la patella et la portion proximale du tendon patellaire lors de la palpation et de la mise sous tension.
  • On peut également observer un gonflement local et une limitation de l’amplitude articulaire.
  • Le jeune sportif peut monter une marche antalgique.

 

3.7 Diagnostic différentiel

Une fracture de stress de la patella sera à écarter.

 

3.8 Traitements

Le traitement indiqué sera :

  • Repos sportif obligatoire.
  • Immobilisation totale du genou (attelle d’extension).
  • Exercices d’étirement du quadriceps.
  • Traitement podologique par réalisation de semelles fonctionnelles pour corriger l’hyperpronation et limiter la rotation interne afin de diminuer de la tension en traction du tendon rotulien.